« Colophon »

2014

2014-Deshima-1

2014

Andreas Nijenhuis, « L’Hercule français et le lion batave. La perception réciproque à l’aune des relations franco-néerlandaises aux Temps Modernes », in : Thomas Beaufils, Niek van Pas, Willem Frijhoff (éd.), Deshima, revue d'histoire globale des pays du Nord, Strasbourg, Université de Strasbourg, n° 8/2014 [France]

> Le site de l'éditeur

« L’Hercule français et le lion batave » explore la perception réciproque des Provinces-Unies et de la France aux Temps Modernes. La république néerlandaise née aux Temps Modernes, et la France, ancienne monarchie, semblent radicalement différentes. Pourtant, avant même la reconnaissance officielle des Provinces-Unies, formalisée à la Paix de Westphalie (1648), de multiples relations se nouent entre les deux États.

La proximité géographique et l’intérêt stratégique de ces deux pays essentiels à l’Europe moderne rendent les relations tributaires des vicissitudes diplomatiques internationales. Une alliance étroite unit les deux pays durant une partie substantielle du XVIIe siècle. Les Français sont alors fascinés par la coexistence religieuse et l’économie de la République calviniste, alors que la France est parfois considérée comme un paradis terrestre par ses alliés néerlandais. À partir du règne personnel de Louis XIV, un antagonisme s’installe progressivement. La perception réciproque s’avère fonction des relations internationales. Une coalition européenne, animée par le stathouder-roi Guillaume III, et dirigée contre le « despotisme » français, prend le relais d’une alliance franco-néerlandaise contre la « tyrannie » espagnole. Avec un décalage propre aux vecteurs de la perception, l’image réciproque est modifiée à l’avenant. La République fait office d’anti-modèle à la cour française, tandis que la France est critiquée par une abondante production imprimée néerlandaise.

Un déphasage apparaît entre le rythme du temps politique, rendant compte des événements contemporains, et le temps sociétal, reflétant l’influence culturelle profonde. Ainsi, la « Hollande » irrigue les cabinets de travail français bien au-delà de la période d’alliance politique entre les deux pays ; réciproquement, la francisation des Provinces-Unies est à son faîte pendant l’apogée même de l’inimitié géopolitique. Ainsi, au cours du Siècle des Lumières les deux pays exercent mutuellement une grande influence, y compris dans le domaine de la pensée politique, lorsque le régime confédéral « batave » est considéré comme un modèle républicain. La vierge néerlandaise incarnant la liberté républicaine serait-elle l’ancêtre de Marianne ?