« Colophon »

Université de Lorraine/Nancy II, France

Université de Lorraine/Nancy II, France
Colloque international « Armée et religion, XVe-XIXe siècle »
21-23 octobre 2013

Bois-le-Duc

COLLOQUE « ARMÉE ET RELIGION, XVE-XIXE SIÈCLE »

La volonté de faire se rencontrer deux courants de la recherche qui ont longtemps évolué de manière séparé, dont l’un, l’histoire religieuse, a une belle assise et l’autre, l’histoire militaire, connait un renouveau actuel, est au centre du projet de colloque. L’apport considérable de travaux récents, notamment ceux - pionniers - de Xavier Boniface (L’aumônerie militaire française, 1914-1962, Paris, Cerf, 2001) d’Ariane Boltanski (Le salut par les armes. Noblesse et défense de l’orthodoxie (XIIIe-XVIIIe siècles), Rennes, PUR, 2008) et d’Olivier Chaline sur la Montagne Blanche (La Bataille de la Montagne Blanche - 8 novembre 1620. Un mystique chez les guerriers, Paris, Noesis, 2000) et la marine, est une invitation à prolonger nos regards sur un champ qui, en offrant d’incessants croisements, ne cesse d’évoluer et conduit à des révélations sur des liens qu’on devine assez forts.

Le présent appel à communication entend donc délibérément se situer au cœur de ce mouvement de convergence en proposant une réflexion autour des rapports qu’entretiennent, entre XVe et XIXe siècles, les hommes d’armes, les institutions militaires en constitution (armées de terre, marine), avec les confessions et les églises, notamment chrétiennes, qui les encadrent, elles-mêmes profondément renouvelées par le jeu de leurs réformes respectives. Les choix posés d’un temps long et d’espaces étendus (Europe, territoires extra-européens en lien avec le vieux continent) s’explique non seulement par la prise en compte des évolutions du temps, celles d’une première mondialisation, mais aussi par le désir de suivre pas à pas, à travers des exemples variés, la mise en œuvre et en norme de cette relation. Dans les lignes qui suivent, nous suggérons quelques pistes, non exhaustives, autour desquelles il convient de bâtir une réflexion commune.

La mise en place d’armées permanentes, au fil du temps de plus en plus nationales, notamment au temps de l’affirmation confessionnelle et sacrée de la politique et de l’état, n’est pas sans conséquences sur un plan religieux. Il en résulte la présence d’un clergé toujours plus nombreux et dont le rôle auprès des officiers, soldats et marins, est progressivement fixé par les textes ou la pratique, révélée par les sources. Afin de guetter cette institutionnalisation graduelle, on peut d’abord porter son regard sur les hommes d’armes et voir en quoi ils ont pu être au cœur des évolutions. L’attitude et la pensée des chefs de guerre (condottieri des XVe-XVIe siècles, Conquistadores des nouveaux mondes, généralissimes tels Maurice de Nassau, Turenne ou Maurice de Saxe), celle des grandes figures ministérielles à l’origine de la transformation de l’outil militaire (par exemple Richelieu, Colbert, Louvois ou Choiseul pour la France) et naturellement celle des princes et chefs d’état sont certainement très révélatrices d’une « sacralisation » des troupes. Cette histoire ne pouvant être le produit d’une action unilatérale, il faut également porter l’attention sur l’autre versant, celui constitué des hommes et institutions d’église, afin d’y repérer réflexions et initiatives accompagnant ou suggérant le mouvement. Il peut être ainsi pertinent de montrer comment, sur la longue durée, on passe de la présence de l’aumônier d’une troupe engagée dans un conflit ou une expédition à l’élaboration et l’entretien de véritables aumôneries, forme de partenariat ordinaire conjointement promue par les pouvoirs politiques, militaires et confessionnels. Enfin, les débats réactivés à partir du XVIe siècle par la conquête du nouveau monde et les affrontements confessionnels en Europe, qui portent sur la violence légitime, ne sont pas sans conséquences sur les mutations accomplies.

Un second angle d’approche peut être constitué par la dimension territoriale (l’encasernement, l’emplacement des logements d’aumônerie tant sur terre qu’en mer, la construction de chapelles portatives ou fixes) et les réalités pastorales, en bref sur les terrains du concret. Sur tous ces aspects, une réalité émerge et se constitue fermement au fil des siècles pour triompher dans les situations contemporaines. On peut accorder une importance particulière aux lieux où elle se vit, notamment les espaces de contact et d’affrontement (même si l’objet de la rencontre n’entend aucunement se limiter à observer le rapport armée et religion en temps de guerre), les villes de garnison. Il faut ensuite se questionner sur les manières par lesquelles on conçoit la mise en pratique de la religion dans l’armée, sur les moyens dégagés pour faire vivre une pastorale sinon « par milieu », du moins adaptée à un terrain singulier. Ainsi, qui sont les « pasteurs » dévolus aux fidèles accomplissant leur devoir d’état ou national sous les armes, et comment sont-ils formés à l’encadrement du soldat en temps de paix comme en temps de guerre ? Pourquoi les ordres réguliers, au sein du catholicisme, y ont très tôt joué un rôle non seulement majeur, quasi exclusif, mais encore modèle ? N’oublions pas non plus l’observation de la pratique religieuse, les formes prises par la piété et les dévotions afin de découvrir si de fortes spécificités s’y attachent. Il est enfin possible de se pencher sur la figure même de l’aumônier, acteur, archétype et médiateur du lien entre armée et croyance, tels que les archives, la littérature et les arts la décrivent et se la représentent.

Les propositions de communication doivent être adressées à laurent.jalabert@univ-lorraine.fr et stefano.simiz@wanadoo.fr pour le 15 janvier 2013. Merci de nous communiquer un titre, un court résumé de l’argumentation (une dizaine de lignes) ainsi qu’un CV.

Date : 21-23 octobre 2013

Lieu : Université de Lorraine (UL), site de Nancy

Organisateurs : Laurent Jalabert (MCF Histoire Moderne UL - CRULH), Stefano Simiz (PR Histoire moderne UL - CRULH)

Comité scientifique : Olivier Chaline (PR Histoire moderne Université de Paris IV, directeur de la FED d’histoire et d’archéologie maritimes), Xavier Boniface (PR Histoire contemporaine Université du Littoral Côte d’Opale), Laurent Jalabert, Stefano Simiz.