Université Panthéon-Sorbonne, France

Université Paris I Panthéon-Sorbonne, France
Journée d'étude « Les stratégies de coexistence dans la diversité religieuse. Le cas des espaces urbains européens, XVIe-XVIIIe siècle »
7 février 2009

affiche-strat

RÉSUMÉ

Cette journée d'étude est organisée dans le cadre des travaux du Centre de Recherche d'Histoire Moderne de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et se tiendra le samedi 7 février 2009 en Sorbonne. Elle se propose de questionner les différentes formes de relation entre les communautés religieuses des villes de l'Europe moderne, où ces relations sont contraintes, nécessaires ou désirées. Aussi, cette journée interroge également la question d'histoire moderne proposée au concours d'Agrégation, tant chronologiquement que dans le choix de l'affrontement comme prisme privilégié pour aborder les relations interconfessionnelles. En effet, si les villes des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles sont souvent perçues comme des lieux de tension, elles sont aussi des espaces d'échange, de reniement, de mixité ou d'ignorance mutuelle.

ANNONCE

La religion relie les hommes aux cieux, mais elle est aussi constructrice d’un lien social et productrice de groupes confessionnels ou ethnoconfessionnels. Elle apparaît en cela comme un facteur directement impliqué dans le tracé des frontières identitaires. Cependant, les territoires multiconfessionnels questionnent la pertinence d’une définition trop simpliste et la validité de l’hypothèse d’un « choc des civilisations ». En tant que fait social, les religions se montrent réactives aux contextes différenciés dans lesquels elles s’inscrivent. La nécessité ou le désir de vivre ensemble les conduisent à négocier leurs formes d’expression aussi bien dans le repli du groupe sur lui-même que dans son ouverture, voire de sa fusion, à un autre. Cela implique aussi des possibilités de conflit, non seulement entre les communautés aux pratiques religieuses différentes mais également au sein même de ces communautés quand le regard sur soi et sur l’autre n’est plus partagé par tous.

Ces stratégies de coexistence mettent alors en avant la présence d’acteurs particuliers capables de les concevoir et de les mener, maîtrisant les codes de l’autre ou étant capables de les appréhender. L’existence de ces acteurs ne suffit pas. Elle s’ajoute à l’intérêt objectif de vivre avec l’autre qui ne saurait se limiter à un simple désir de vivre en paix car le conflit peut se révéler à son tour comme une modalité de régulation possible pour coexister. Enfin, ces stratégies créent des territoires particuliers, parfois cloisonnés, plus souvent mêlés et hybrides, supposant des types de pratiques sociales particulières elles aussi. Ces pratiques posent alors le problème institutionnel de leur encadrement et invitent à réfléchir sur les relations existant entre le territoire perçu et les cadres institutionnels (laïcs ou ecclésiastiques) ainsi que sur le risque de confrontation entre les différents agents, voulu ou engendré par ces stratégies.

L’espace urbain, défini par ses cadres juridictionnels ou dessiné par l’empreinte visuelle et sonore laissée par ses habitants, offre un terrain d’étude privilégié. Le nombre et les liens complexes des individus favorisent ici la diversité mais aussi le rapport inévitable à l’autre, que ce soit dans le vécu commun ou l’ignorance réciproque. L’identité confessionnelle marque ainsi l’imaginaire et le territoire de la ville à différentes échelles (famille, voisinage proche, paroisse, ensemble de la cité) qui servent de lieu d’expression aux choix religieux.

En confrontant les diverses expériences, nous proposons de réfléchir à ces thématiques à partir des axes suivants :

9h-9h20 – Introduction : Les enjeux de la coexistence socio-religieuse
I - LES STRATEGIES DE COEXISTENCE DANS LEURS CADRES SOCIO-ECONOMIQUES

9h20-9h45 – Laurent TATARENKO (Paris 1 / Lublin): Structures sociales et tensions religieuses : les communautés de rite grec dans la région de Vilnius (fin XVIe-milieu du XVIIe siècle)

9h45-10h10 – Thierry ALLAIN (Paris 1): Revoir les stratégies de coexistence religieuse sous la pression du déclin économique: le cas de la ville hollandaise d'Enkhuizen au XVIIIe siècle.

10h10-10h40 – discussion

10h40-11h10 – Pause
II - LES STRATEGIES DE COEXISTENCE ENTRE ESPACE PRIVE ET CLANDESTINITE

11h10-11h35 – Mathilde MONGE (Paris 1 / Göttingen): Catholiques, Réformés, Luthériens, Anabaptistes et dissidents à Cologne au XVIe siècle.

11h35-12h – Andreas NIJENHUIS (Amsterdam): Les lieux de culte et églises dissimulés aux Provinces-Unies

12h00-12h30 – Discussion

12h30-14h00 – Pause
III - LES POLITIQUES INTITUTIONNELLES DE LA COEXISTENCE SOCIORELIGIEUSE

14h00-14h25 – Guillaume CALAFAT (Paris 1 / Pise): Alliances économiques, litiges commerciaux et tolérance religieuse. Le port de Livourne et ses institutions au XVIIe siècle.

14h25-14h50 – David DO PAÇO (Paris 1): Stratégies sociales et cadres institutionnels de la coexistence religieuse parmi les "Ottomans" de Vienne, 1766-1767.

14h50-15h20 – Discussion

15h20-16h00 – Pause
IV - LA COEXISTENCE RELIGIEUSE DANS L’AFFRONTEMENT

16h00-16h25 – Raquel SANZ BARRIO (EHESS / Málaga) : Mesures ségrégationnistes dans le Royaume de Grenade, 1492-1530

16h25-16h50 – Dénes HARAI (Paris 1): Le patriarcat de Constantinople face aux affrontements entre Catholiques et Protestants (1621-1638)

16h50-17h20 – Discussion

18h – Wolfgang KAISER (Paris 1 / EHESS): Conclusion