Université de Neuchâtel/Université de Lyon II

Université de Neuchâtel, Suisse
Colloque international « La Guerre de Trente ans et la religion »
17-18 janvier 2014

La Guerre de Trente ans a suscité une abondante littérature en Allemagne et dans le monde anglo-saxon, et notamment sur ses aspects confessionnels et religieux. Depuis une quinzaine d’années, de nouvelles approches – en particulier l’étude des écrits personnels (Selbstzeugnisse) – ont renouvelé nos connaissances à ce sujet, notamment quant à la religiosité pendant la guerre (cf. ainsi A. Schindling, M. Asche (éd.), Das Strafgericht Gottes. Kriegserfahrungen und Religion im Heiligen Römischen Reich Deutscher Nation im Zeitalter des Dreißigjährigen Krieges, Münster 2001 ; H. Berg, Military Occupation under the Eyes of the Lord. Studies in Erfurt during the Thirty Years War, Göttingen 2010). Ces travaux ont également remis en cause des paradigmes établis, comme celui de la confessionnalisation : la publication de journaux personnels et les études biographiques suggèrent par exemple de nombreuses pistes quant à la perméabilité des frontières confessionnelles, ainsi la disponibilité de réfugiés de guerre à se conformer extérieurement à la religion des territoires dans lesquels ils séjournent, ou le changement occasionnel de camp et de confession de militaires de relief (cf. notamment F. Brändle, D. Sieber (éd.), Augustin Güntzer : Kleines Biechlin von meinem gantzen Leben. Die Autobiographie eines Elsässer Kannengießers aus dem 17. Jahrhundert, Köln 2002; M. Kaiser, S. Kroll (éd.), Militär und Religiosität in der Frühen Neuzeit, Münster 2004).

Dans le monde francophone en revanche, il s’agit d’un sujet encore sous-étudié, même si quelques travaux ont paru au cours des dernières années, en particulier sur la dimension mystique de la guerre, la mémoire de la guerre, ou encore l’expérience de la guerre telle que la restituent les écrits personnels (cf. en particulier O. Chaline, La bataille de la Montagne Blanche. 8 janvier 1620 : un mystique chez les guerriers, Paris 1999 ; C. Gantet, La paix de Westphalie (1648). Une histoire sociale, XVIIe-XVIIIe siècles, Paris, 2001 ; P. Martin, Une guerre de Trente ans en Lorraine, Metz 2002).

Dans ces journées d’études, qui auront lieu respectivement à Lyon (septembre 2013) et Neuchâtel (janvier 2014), il s’agira de présenter et discuter différentes recherches en cours au sujet de la guerre, en particulier pour les régions de l’Europe médiane (Franche-Comté, Corps helvétique, Lorraine, Pays-bas méridionaux). Nous nous intéresserons spécifiquement aux dimensions religieuses du conflit, en particulier dans les perspectives suivantes :
- les piétés de guerre (rites personnels, miracles de protection...)
- la vie confessionnelle dans les contextes d’occupation et les effets religieux de la guerre (L’armée est-elle une entreprise de mission ? La violence de l’occupation efface-t-elle les frontières ? Le refuge entraîne-t-il une « radicalisation » confessionnelle ?)
- la perception de la guerre et ses instrumentalisations (Se sert-on d’un justificatif confessionnel pour dissimuler des buts stratégiques ? Crée-t-on l’image d’un Dieu de guerre ou d’un Dieu vengeur ? Quelle image du conflit les écrits personnels donnent-ils ?)